Une énergie joyeuse est inscrite dans l’ADN des Coréens. Les Coréens célèbrent les occasions heureuses en chantant et en dansant et surmontent les épreuves avec humour et satire.
Cela se reflète dans leur capacité à créer de la musique, de l’art et de l’artisanat qui enrichissent la vie quotidienne. Surtout, la Corée a captivé le monde par l'originalité de sa musique traditionnelle, le Gugak, et les émotions profondes que l'on retrouve dans ses chansons folkloriques, comme l'Arirang. De nombreux étrangers qui ont découvert la Corée grâce à la K-Pop tombent encore plus amoureux du pays lorsqu'ils découvrent sa culture comme le Hangeul, le Gugak et l’artisanat.
À l'heure actuelle, la culture artistique coréenne attire de nombreux amateurs à travers le monde. Nombre de jeunes talents coréens se voient attribuer désormais des prix à des concours de musique et de danse parmi les plus prestigieux de la planète, tandis que les œuvres littéraires coréennes sont traduites en plusieurs langues pour les lecteurs du monde entier. Actuellement, les peintures monochromes coréennes appelées Dansaekhwa de Lee Ufan et Park Seo-bo, par exemple, sont très prisées au niveau international dans le monde de l'art.
La fièvre de la K-Pop fait rage, plus intense que tout autre domaine. Le boys band BTS a réalisé ce qui était autrefois considéré comme impossible. En août 2020, le single en anglais « Dynamite » du groupe a impressionné le monde en se plaçant en tête du Billboard Hot 100, le très renommé classement américain de musique. Les membres de BTS sont les premiers chanteurs coréens qui sont arrivés en tête du Hot 100 et les premiers artistes asiatiques qui ont réalisé cet exploit depuis 1963. Au-delà de l'exploit du groupe, ce record reflète davantage le fruit de la popularité de la K-pop répandue aux États-Unis, en Amérique du Sud, en Europe, au Japon, en Chine et en Asie du Sud-Est.
Les émissions et films coréens ont également attiré des fans dévoués dans le monde entier, comme la série Netflix « Squid Game », le film « Minari » et le film « Les bonnes étoiles » pour lequel Song Kang-ho a remporté le prix du meilleur acteur au 75e Festival de Cannes. Entendre qu'un programme coréen se place aux premiers rangs du nouveau classement des contenus les plus populaires sur Netflix aujourd'hui n'a plus rien de surprenant.
Cette excellence artistique n’a donc pas été reconnue à l’international du jour au lendemain. La prospérité culturelle que la Corée du Sud connaît depuis ces derniers temps n’aurait pas été possible sans son identité nationale et ses arts traditionnels, qui ont été formés par la ténacité et la persévérance du peuple coréen combinées à une sensibilité artistique mûrie tout au long de sa longue histoire. Cette sensibilité unique, dont les divers objets et les peintures sur les parois des tombeaux de la période des Trois Royaumes témoignent, s’est enrichie et approfondie en traversant les périodes du Silla Unifié, de Goryeo, puis de Joseon. Cette sensibilité esthétique a traversé les générations, non seulement dans les milieux artistiques mais aussi dans l’ensemble de la population.
La Corée conserve un riche patrimoine culturel, dont certains éléments ont été inscrits sur les listes de l'héritage culturel protégé par l'UNESCO. En 2022, la Corée compte un total de 53 patrimoines inscrits sur les listes de l'UNESCO : 15 patrimoines mondiaux, 16 patrimoines répertoriés au Registre de la Mémoire du monde et 22 patrimoines culturels immatériels de l'humanité.
Patrimoine mondial
Palais Changdeokgung
Le palais Changdeokgung, situé à Waryong-dong, Jongnogu (Séoul), est l'un des cinq palais royaux de la dynastie Joseon (1392-1910). Certaines de ses structures d'origine sont encore intactes. Il a été construit en 1405 pour servir de palais annexe. Mais il est devenu la résidence royale officielle de la dynastie Joseon après la destruction par un incendie du palais principal d'origine, Gyeongbokgung, en 1592, lorsque les forces japonaises envahirent la Corée. Par la suite, le palais Changdeokgung a maintenu sa position prestigieuse jusqu'en 1867, date à laquelle le palais Gyeongbokgung fut rénové et restauré dans son état d'origine. Le palais Changdeokgung a été répertorié comme site faisant partie du patrimoine mondial de l'UNESCO en 1997.
Bien qu'il ait été construit pendant la période Joseon, le palais Changdeokgung montre des traces de l'influence architecturale de Goryeo, comme l’indique son emplacementau pied d'une montagne. Bien entendu, les palais royaux étaient généralement construits selon un schéma visant à mettre en évidence la dignité et l'autorité de son occupant. Mais le positionnement de Changdeokgung, situé au pied du pic Eugbong (en haut du Mont Bukhansan), avait pour objectif de tirer le meilleur parti des caractéristiques géographiques.
Les bâtiments d'origine du palais ont été conservés intacts, y compris l'entrée principale Donhwamun, ainsi que les halls Injeongjeon et Seonjeongjeon. Et un magnifique jardin traditionnel se trouve à l'arrière des bâtiments principaux. Le palais contient également le pavillon Nakseonjae, composé de hanok traditionnels raffinés.
Sanctuaire de Jongmyo
Situé dans le quartier de Hunjeong-dong, Jongno-gu (Séoul), il s’agit d’un temple destiné aux ancêtres royaux de la dynastie Joseon. Il a été construit pour abriter 83 tablettes ancestrales (symboles sur lesquels l'esprit du défunt peut s'appuyer) des esprits royaux de la dynastie Joseon, c’est-à-dire ceux des rois et de leurs épouses, ainsi que ceux des ancêtres directs du fondateur de la dynastie. Comme Joseon a été fondée selon l’idéologie confucéenne, ses dirigeants ont estimé qu'il était très important de mettre l'enseignement de Confucius en pratique et de sanctifier les institutions où étaient conservées les plaques commémoratives ancestrales.
Les deux principaux bâtiments du sanctuaire royal, le hall Jeongjeon et le hall Yeongnyeongjeon, présentent une architecture comportant des différences dans la hauteur des plateformes, la hauteur de l'avant-toit et du toit, et l'épaisseur des colonnes en fonction de leur statut. L'ensemble de ces bâtiments conserve ses caractéristiques d'origine, y compris les deux salles du sanctuaire qui présentent un style architectural typique du XVIe siècle et unique sur le plan mondial. Les rites commémoratifs de la vie et des travaux des ancêtres royaux de la dynastie Joseon y sont toujours effectués régulièrement.
Forteresse Hwaseong à Suwon
Située dans le quartier de Jangan-gu, dans la ville de Suwon (province du Gyeonggi-do), la forteresse Hwaseong est très longue, ses murs s’étendant sur 5,7 km. Bâtie en 1796 sous le règne du roi Jeongjo (1776-1800) de la dynastie Joseon, sa construction a été lancée après que le roi eut fait déplacer la tombe de son père - le prince héritier Sado - de Yangju (province du Gyeonggi) à son emplacement actuel, près de la forteresse.
Elle a été minutieusement conçue afin de protéger la ville située dans son enceinte de manière efficace et pratique, en plus d’offrir une fonction plus commerciale. Cette forteresse est aussi réputée pour avoir été construite avec des appareils scientifiques révolutionnaires pour l'époque tels que le geojunggi (un type de grue utilisant le principe de la poulie mobile pour déplacer des pierres sur une surface plane) et le nongno (roue de potier servant à soulever des pierres vers un terrain plus élevé). Ces équipements ont été développés par l'éminent penseur confucéen et écrivain Jeong Yak-yong (1762-1836) afin d’en achever la construction.
Chaque année, le festival culturel de la forteresse Hwaseong à Suwon met en lumière le monde imaginé par le roi Jeongjo avec divers spectacles et événements. La reconstitution de la procession du roi jusqu’au tombeau royal a repris en octobre 2022 après une interruption de quatre ans.
Grotte Seokguram et temple Bulguksa
Construit la même année que la grotte Seokguram, le temple Bulguksa se compose de salles de prière particulièrement belles et de divers monuments, dont deux pagodes en pierre (Dabotap et Seokgatap) dans la cour située en face de la salle principale de prière du temple (Daeungjeon). Les deux pagodes sont largement considérées comme étant les plus belles de Silla : la première est admirée pour ses détails sculptés, la seconde pour sa structure d’une remarquable simplicité.
Dabotap, la pagode de Dabo, est marquée par une structure unique construite avec des blocs de granit sculptés. On retrouve son image sur les pièces de 10 won. En revanche, Seokgatap, ou pagode de Sakyamuni, est davantage reconnue pour sa structure minimaliste sa symétrie et son équilibre. Cette construction est considérée comme l'archétype de toutes les pagodes coréennes en pierre. Par conséquent, de nombreuses pagodes ont été construites de façon similaire par la suite.
Parmi les autres trésors conservés au temple se trouvent deux ponts de pierre remarquables, Cheongungyo (pont des nuages bleus) et Baegungyo (pont des nuages blancs), conduisant à Daeungjeon, la salle principale de dharma du temple. Les ponts symbolisent le voyage que chaque bouddhiste doit faire pour atteindre la Terre pure du bonheur.
Tombes royales de la dynastie Joseon
Certaines de ces tombes royales forment de petits groupes ayant pour noms Donggureung, Seooreung, Seosamneung et Hongyureung. La plupart sont situées dans et autour de la région de la capitale, y compris dans les villes de Guri, Goyang et Namyangju (province du Gyeonggi). Les tombes des rois et de leurs épouses royales de la dynastie Joseon sont au nombre de 44, dont 40 sont répertoriées au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Les tombes royales de la dynastie Joseon sont considérées comme un patrimoine tangible qui reflète les valeurs partagées par le peuple coréen, telles que l'idéologie confucéenne et la tradition feng shui. Ces vestiges historiques attirent l’attention de par la bonne conservation de leur état d'origine.
Janggyeongpanjeon, au temple Haeinsa à Hapcheon.
Les tablettes d’impression en bois du Tripitaka Koreana, qui ont été gravées au cours de la période Goryeo (918-1392), sont conservées depuis 1488 au temple Haeinsa dans deux dépôts spécialement prévus à cet effet. Avec les anciens bâtiments du temple, les dépôts du Tripitaka illustrent l’exemple d’une méthode à la fois scientifique et unique pour la ventilation et le contrôle de l'humidité afin d’assurer la sécurité du stockage de ces planches en bois séculaires.
Les bâtiments ont été construits côte à côte au plus haut point d’altitude (environ 700 m au-dessus du niveau de la mer) de l'enceinte du Haeinsa, qui est situé à mi-pente de la montagne Gaya. Ceci permet une ventilation naturelle et efficace en exploitant le vent qui souffle dans la vallée de Gayasan. Des fenêtres en treillis de différentes tailles placées en haut et en bas des murs, ainsi qu'à l’avant et à l’arrière du bâtiment ont été créées afin de favoriser la circulation optimale de l'air. C’est une excellente technologie de construction scientifique qui permet la convection de l’air et le maintien d’une température appropriée. De même, le sol a été creusé profondément et rempli par des couches successives de charbon de bois, d'argile, de sable, de sel et de poudre de chaux. Cela aide aussi à contrôler le taux d'humidité des pièces.
Namhansanseong
La forteresse Namhansanseong a été construite en 1626 sur les ruines du château Jujangseong édifié sous le règne du roi Munmu du Silla unifié en 672, suivant l’ordre du roi Injo de la dynastie Joseon. Située à 25 kilomètres au sud-est du centre de Séoul, Namhansanseong se trouve à 480 mètres au-dessus du niveau de la mer, s'alignant sur les crêtes des montagnes afin de maximiser sa capacité défensive. La forteresse, dont les remparts mesurent 12,3 km de long, protège une vaste zone qui était destinée à être utilisée comme capitale de la Corée de l’ère Joseon (1392-1910) en cas d’urgence. Selon les archives de l’époque, environ 4 000 personnes vivaient dans la ville construite à l'intérieur de la forteresse, qui servait également de capitale temporaire pour la famille royale et le commandement militaire dans laquelle ils se réfugiaient en cas d'urgence. Un sanctuaire et un palais annexe ont été construits en 1711 sous le règne du roi Sukjong. Cette forteresse est également reconnue comme étant une preuve importante des vastes échanges de techniques architecturales utilisées pour la fortification nécessitée en raison des guerres perpétuelles entre la Corée (Joseon), le Japon (période Azuchi-Momoyama), et la Chine (Ming Qing), entre le XVème et le XVIIIème siècle. Le développement technique de l’armement au cours de cette période, pendant laquelle la poudre à canon importée d'Europe fut introduite, a aussi influencé l'architecture et l'aménagement de la forteresse. Ses murs et installations incarnent les évolutions technologiques de l'architecture de ce type de bâtiments, qui se sont succédées en Corée du VIIe siècle au XIXe siècle.
Zones historiques de Baekje
Baekje, l'un des trois anciens royaumes de la péninsule coréenne, a perduré pendant 700 ans, de 18 av. J.-C. à 660 ap. J.-C. Les zones historiques de Baekje comprennent huit patrimoines culturels situés à Gongju, Buyeo et Iksan. Il s’agit de la forteresse Gongsanseong et des tombeaux royaux de Songsan à Gongju, la province du Chungcheong du Sud, du site archéologique de Gwanbuk, de la forteresse de Busosanseong, des tombeaux royaux de Neungsan et du site du Temple Jeongnimsa. Les remparts de la ville de Naseong à Buyeo (province du Chungcheong du Sud), le site archéologique de Wanggung-ri et le site du temple Mireuksa à Iksan (province du Jeolla du Nord) en font également partie.
Ce bien archéologique représente les relations historiques entre les anciens royaumes de la Corée, de la Chine, du Japon et d’Asie de l’Est (du Ve au VIIe siècle), ainsi que le développement architectural et la propagation du bouddhisme qui en ont résulté. Les temples bouddhistes, les anciennes tombes, l'architecture et les pagodes de pierre témoignent de la culture, de la religion et de l'esthétique du royaume de Baekje. Les échanges actifs entre les trois anciens royaumes se sont manifestés dans l'histoire et la culture de ce dernier.
Seowon, les académies néo-confucéennes
Les seowon sont des institutions d'éducation dont le but était d’enseigner le néo-confucianisme, qui fut introduit dans la péninsule de Corée par la Chine et qui proliféra durant la dynastie Joseon. La plupart des seowon furent établies entre la seconde moitié du XVIe siècle et le XVIIe siècle. Il existe neuf seowon majeures : Sosuseowon, Namgyeseowon, Oksanseowon, Dosanseowon, Piramseowon, Dodongseowon, Byeongsanseowon, Museongseowon et Donamseowon. Ces neufs seowon sont situées dans la partie centrale et sud de la Corée du Sud. Elles sont reconnues en tant qu’héritage exceptionnel du néo-confucianisme et de la culture éducative de Corée.
Les hommes de lettres qui dirigeaient les seowon ont contribué considérablement au développement et à la prospérité de la culture centrée sur ces académies durant la dynastie Joseon. Ces intellectuels de province créèrent un système éducatif et de solides structures afin que les jeunes érudits puissent se dévouer à leurs études. L’apprentissage, la vénération et les interactions étaient les fonctions essentielles des seowon, ce qui se reflète dans la façon dont elles sont implantées.
Mémoire du monde
Hunminjeongeum (les sons appropriés pour l’instruction du peuple)
Hunminjeongeum désigne à la fois le nouveau système d'écriture (Hangeul) que le roi Sejong le Grand a inventé en 1443 (vingt-cinquième année de son règne) et le Manuscrit Hunminjeongeum écrit par des érudits conformément à une ordonnance de Sejong qui a voulu fournir des explications détaillées sur le but et les principes directeurs du Hangeul. Le livre a été imprimé avec des blocs de bois et comprend un total de 66 pages. Le Manuscrit est également appelé « Hunminjeongeum Haeryebon », car il contient la partie « Haerye » expliquant les principes du nouveau système d'écriture avec des exemples d'utilisation. Hunminjeongeum est le seul exemple au monde qui a laissé un manuel officiel contenant des informations sur les principes directeurs de la nouvelle écriture, son créateur, ainsi que le contexte, le but et l’époque de la création, etc. Il fait partie des Trésors nationaux de Corée depuis 1962 et a été inscrit sur la liste Mémoire du monde de l'UNESCO en 1997.
Afin de célébrer la promulgation du Hunminjeongeum au début de septembre lunaire en 1446, la Corée a désigné le 9 octobre du calendrier solaire comme jour du Hangeul. Cette journée a pour but de commémorer l'amour du roi Sejong pour son peuple et la signification de la création du Hunminjeongeum. Le manuscrit est actuellement intégré à la collection du musée d'art Gansong à Séoul.
Joseon Wangjo Sillok : annales de la dynastie Joseon
La dynastie Joseon a laissé une vaste collection de documents annuels relatifs aux rois et aux fonctionnaires, couvrant 472 années allant de 1392 à 1863.
Ces dossiers, nommés Joseon Wangjo Sillok (annales de la dynastie Joseon), comptent 1 893 volumes et 888 livres et sont conservés à la bibliothèque Kyujanggak (Institut d'études de l’époque Joseon) de l'Université nationale de Séoul, ainsi qu’au Centre de Dépôt et d'Information de Busan, sous l’autorité des Archives nationales de Corée. Les annales sont généralement compilées après la mort d’un roi, au tout début du règne de son successeur. Elles sont basées sur des comptes-rendus quotidiens (sacho) rédigés par des historiographes.
Les annales sont considérées comme des ressources historiques de grande valeur, car elles contiennent des informations détaillées sur la politique, l'économie, la culture et d'autres aspects de la société au temps de Joseon. Une fois la rédaction des annales terminée, elles étaient mises dans des « dépôts de l'histoire » (sago) et devenaient alors inaccessibles.
Ce n'est que lors d’événements particuliers tels que des rites ancestraux royaux ou la réception d’envoyés étrangers (en somme, lorsqu’il était nécessaire de se référer à des exemples du passé) qu'une partie du contenu pouvait être consultée.
À l'origine, quatre dépôts de l'histoire ont existé : le Chunchugwan (Bureau d’enregistrement de l'État) à la cour royale, et trois autres dans les principaux centres administratifs régionaux dans le Sud, à savoir Chungju, Jeonju et Seongju. Malheureusement, ils ont été détruits en 1592 lors de l’invasion japonaise, et la dynastie Joseon a été obligée de construire de nouveaux dépôts sur les montagnes Myohyangsan, Taebaeksan, Odaesan et Manisan, les plus reculées du pays.
Seungjeongwon Ilgi : journaux du secrétariat royal
Le Seungjeongwon Ilgi est une collection de journaux contenant les comptesrendus de la vie publique des dirigeants de la dynastie Joseon et leurs interactions avec la bureaucratie, rédigés quotidiennement par le Seungjeongwon, le secrétariat royal, de mars 1623 à août 1910. Les dossiers sont recueillis dans 3 243 volumes et comprennent les détails des rapports et des appels des ministères et des organismes gouvernementaux. Ces journaux sont actuellement conservés à la bibliothèque Kyujanggak (Institut d'études de l’époque Joseon) de l’Université nationale de Séoul.
Ilseongnok : archives quotidiennes de la cour royale et des hauts fonctionnaires
L’Ilseongnok est une vaste collection de registres quotidiens des activités du roi et des affaires de l'État à la fin de la dynastie Joseon. Elle est présentée comme étant un journal rédigé pour noter la condition du roi, mais il s'agit en réalité d'un document officiel du gouvernement.
Celui-ci se compose d'un total de 2 329 volumes d'enregistrements pour 151 ans de 1760 (36e année de règne du roi Yeongjo) à 1910 (4e année de règne de Yunghui). Des activités politiques au sein de Joseon du XVIIIe au XXe siècle aux aspects concrets des échanges politiques et culturels entre l'Orient et l'Occident, il contient le flux universel de l'histoire du monde.
Uigwe : protocoles royaux de la dynastie Joseon
Cette collection de livres magnifiquement illustrés contient des manuels officiels enregistrant les détails des cérémonies de cour ou des événements d'importance nationale à des fins de référence future.
Les sujets les plus fréquemment traités dans ces livres sont les mariages royaux, l'investiture des reines et princes héritiers, les funérailles royales, ainsi que la construction et le transfert de tombes royales. Ils contiennent cependant bien d'autres événements de l'État ou d’actions royales comme les travaux aratoires du roi, et la construction ou la rénovation de bâtiments du palais. Par exemple, la visite officielle du roi Jeongjo à Suwon, la nouvelle ville fortifiée à l'occasion de la construction de la forteresse Hwaseong à la fin du XVIIIe siècle, a été particulièrement marquante.
Ces publications ont été également conservées dans des dépôts de l'histoire comme les Joseon Wangjo Sillok. Ceux du début de Joseon ont malheureusement été détruits par le feu lors de l'invasion japonaise de 1592. Les 3 895 autres volumes d’Uigwe, quant à eux, ont été publiés après cette invasion.
Certains volumes ont été volés en 1866 par l’armée française. Ils ont été conservés à la Bibliothèque nationale de France jusqu'en 2011, puis ont été rendus à la Corée du Sud suite à un accord entre les gouvernements sud-coréen et français.
Tablettes d'impression en bois du Tripitaka Koreana et d'écrits bouddhiques divers
La collection du Tripitaka a été constituée pendant la période Goryeo (918-1392) en vertu d'un projet national qui a débuté en 1236 et a pris quinze ans pour être mené à bien. La collection est généralement connue sous le nom de Palman Daejanggyeong, littéralement « le Tripitaka des quatre-vingt mille tablettes en bois », car elle est composée de 81 258 blocs de bois. Chaque planchette est gravée sur les deux côtés. La collection est conservée au temple Haeinsa (établi en 802) dans l’arrondissement de Hapcheon-gun (province du Gyeongsang du Sud).
Le Tripitaka Koreana a été compilé par les habitants de Goryeo qui recherchaient la puissance magique du Bouddha afin de repousser les forces mongoles qui avaient envahi et dévasté leur pays au XIIIe siècle. Le Tripitaka Koreana, souvent comparé à d'autres éditions du Tripitaka produites par les dynasties chinoises Song, Yuan et Ming, est grandement apprécié pour son contenu plus riche et plus complet. Le processus de fabrication des planches en bois a joué un rôle important dans le développement des techniques coréennes d'impression et de publication.
Patrimoine documentaire des droits de l'Homme 1980 : archives du soulèvement démocratique du 18 mai contre le régime militaire, à Gwangju
Le soulèvement de Gwangju du 18 mai désigne une révolte populaire qui a eu lieu dans la ville de Gwangju du 18 au 27 mai 1980. Au cours de ce mouvement, les habitants de Gwangju ont défendu la démocratie en Corée du Sud et se sont activement opposés à la dictature militaire. Le soulèvement a fini par être réprimé dans le sang, mais a exercé une influence importante sur les mouvements démocratiques qui se sont propagés à travers l’Asie de l'Est dans les années 1980. Ces archives, inscrites à l’UNESCO, se composent de documents écrits, de vidéos, de photographies et d'autres formes d'enregistrements relatant les activités des citoyens de Gwangju pendant le mouvement, et le processus ultérieur d'indemnisation des victimes. Cet ensemble a été recueilli par la Fondation commémorative du 18 mai, les Archives nationales de Corée, le quartier général de l'armée, la Bibliothèque de l'Assemblée nationale de la Corée ainsi que par diverses organisations aux États-Unis.
Patrimoine culturel immatériel de l'humanité
Rite pour les ancêtres royaux et musique rituelle
Le rite royal ancestral (Jongmyo Jerye) a lieu le premier dimanche de mai au sanctuaire Jongmyo à Séoul, afin d’honorer les rois de la dynastie Joseon décédés et les épouses royales. Il a été l'une des cérémonies les plus importantes de l'État après l’installation de la dynastie Joseon comme État confucéen en 1392.
Conçu pour maintenir l'ordre social et promouvoir la solidarité, le rite se compose de spectacles de musique orchestrale, et de cérémonies et danses louant les réalisations civiles et militaires des ancêtres royaux de la dynastie Joseon. Ce rituel confucéen séculaire, combinant de nombreuses et splendides représentations de musique et de danse, est très largement admiré non seulement pour la préservation de ces caractéristiques artistiques originales formées il y a plus de 500 ans, mais aussi pour la forme à la fois éclectique et unique de cet art.
Pansori
Le pansori est une forme de narration musicale exécutée par un chanteur accompagné par un joueur de tambour ; il est constitué d’un chant (sori) qu’accompagnent une gestuelle (ballim) et un récit (aniri). Il se présente sous forme d’un drame épique élaboré à partir de contes populaires et d’événements historiques bien connus. Depuis sa création au XVIIIe siècle, cet art lyrique rassemble encore aujourd’hui des artistes de renom et un public enthousiaste.
Festival de Dano à Gangneung
Dano est l'un des plus anciens festivals folkloriques de Corée, et sa forme originale a peu changé depuis son apparition il y a plusieurs siècles. Ce festival d'été a lieu à Gangneung (province du Gangwon), pendant 30 jours environ et débute le 5 avril lunaire.
Le festival commence par un rite traditionnel pour honorer le dieu de la montagne de Daegwallyeong, et se poursuit avec une grande variété de jeux populaires, d’événements et de rites. Au cours des rites, des prières sont effectuées pour une bonne récolte, la paix et la prospérité des villages et des familles, l’union communautaire et la solidarité.
Le premier événement du festival de Dano (Danoje) est la préparation de la boisson « divine » (sinju) pour l’offrir aux dieux et déesses, reliant ainsi le monde des humains avec le monde céleste.
Elle est suivie par une série d'événements festifs tels que la comédie masquée pantomime jouée par des gwanno (esclaves gouvernementaux d'autrefois), des jeux de balançoire, le ssireum (lutte coréenne), le lavage des cheveux avec du changpo (iris) et la consommation de gâteau de riz surichuitteok. Parmi ces événements, le lavage des cheveux au changpo est largement pratiqué par les femmes non seulement pour donner de la brillance aux cheveux, mais aussi par croyance (cette plante repousserait les mauvais esprits porteurs de maladies).
Ganggangsullae
Le ganggangsullae est une danse de groupe en cercle comportant des chants et des jeux populaires. Cette danse était pratiquée par les femmes le long des zones côtières de la province du Jeolla du Sud pendant les fêtes traditionnelles telles que Chuseok (la fête des récoltes) et Daeboreum (la première pleine lune de la nouvelle année selon le calendrier lunaire). Au cours du temps, ganggangsullae s’est transformé plutôt en spectacle de danse exécuté par des danseurs professionnels. Les participants forment une ronde en se tenant par la main et dansent ensemble tout en chantant l’air du ganggangsullae dans un vaste espace en plein air. La performance originale comprenait divers jeux folkloriques tels que namsaengi nori (un jeu dans lequel les gens imitent les mouvements d'une tortue), deokseok mori (roulade sur un tapis de paille) et gosari kkeokgi (cueillette de fougères arborescentes). Le chant de ganggangsullae est exécuté tour à tour par un chanteur et le reste des participants en chœur. Au début, on chante au rythme lent du style jinyangjo, puis le chant s’accélère progressivement du jungjungmori vers le jajinmori. La danse, elle aussi, s’accélère au fur et à mesure.
Namsadang Nori
Le Namsadang nori, généralement joué par une troupe d'artistes itinérants masculins appelés namsadangpae, est un spectacle composé de plusieurs parties distinctes dont le pungmul nori (musique et danse), le jultagi (funambulisme), le daejeop dolligi (jonglerie avec des assiettes), le gamyeongeuk (théâtre masqué) et le kkokdugaksi noreum (théâtre de marionnettes). Ce spectacle folklorique traditionnel coréen était donné principalement auprès des agriculteurs.
Les artistes jouent également des instruments lorsqu’ils dansent et chantent, tels que les buk (tambour simple), janggu (tambour en forme de sablier), kkwaenggwari (petit gong en métal), jing (grand gong en métal), accompagnés de deux instruments à vent appelés nabal et taepyeongso. Ce spectacle est joué dans l’intention d’augmenter l’efficacité du travail, de réduire la fatigue et d’évoquer un sentiment de coopération lors de l’exécution de tâches difficiles telles que le gimmaegi (désherbage), le nonmaegi (désherbage de rizières) et le mosimgi (plantation de riz).
Yeongsanjae
Yeongsanjae est une cérémonie bouddhiste effectuée le 49e jour après la mort d'une personne pour la renaissance de l'âme au paradis bouddhique. L’objectif de cette cérémonie, transmise depuis la dynastie Goryeo, est de permettre aux vivants et aux défunts d’accéder à la vérité du Bouddha et d'être libérés des tourments et de la souffrance. Plus qu’une représentation unilatérale, il s'agit d'une cérémonie bouddhiste dans laquelle le public est impliqué, et se déroule non seulement comme un rite, mais aussi comme une cérémonie pour prier pour la paix du pays et le bienêtre du peuple.
Jeju Chilmeoridang Yeongdeunggut
Ce rite chamanique séculaire était effectué dans presque toutes les villes et tous les villages de l’île de Jeju. Les fidèles prient pour une bonne pêche et la sécurité des pêcheurs qui travaillent en mer. Selon la croyance populaire traditionnelle des habitants de Jeju, février selon le calendrier lunaire est le mois de Yeongdeung, au cours duquel la grand-mère Yeongdeung, une divinité du vent, visite tous les villages, les champs agricoles et les foyers, portant l’annonce de la récolte de l'automne à venir, et repartant le jour de la pleine lune venu.
Taekkyeon
Le taekkyeon est l'un des arts martiaux traditionnels développés en Corée, et date d’avant Jésus-Christ. Autrefois, on le désignait sous plusieurs noms différents tels que gakhui (le sport des jambes) et bigaksul (l’art des jambes volantes). Bien que ces noms suggèrent qu'il est lié aux mouvements des coups de pied, il est très différent du taekwondo historiquement et techniquement. La particularité du taekkyeon est que les gestes des mains, des pieds et du corps sont coordonnés avec les mouvements des muscles. Ainsi, les mouvements sont souples et les échanges avec l’adversaire deviennent naturels. Son côté artistique est tout aussi remarquable avec un rythme musical, les mouvements utilisant particulièrement les pieds et les jambes évoquant une danse. Comme la plupart des autres arts martiaux où les armes ne sont pas utilisées, le taekkyeon vise à améliorer les techniques de l’autodéfense et à promouvoir la santé physique et mentale.
Les règles sont simples : le joueur qui renverse son adversaire ou touche son visage avec ses mains ou ses pieds remporte le match.
Jultagi
Dans l'art traditionnel coréen du jultagi (funambulisme), l’acrobate effectue une variété de mouvements aériens, en même temps qu’il chante et raconte une histoire comique, tout en se promenant le long d'une corde raide. Il est généralement assisté d'un eoritgwangdae (bouffon) qui se tient sur le terrain et répond à ses paroles et ses mouvements avec de bons mots et des gestes comiques destinés à provoquer les commentaires amusés des spectateurs. Le funambulisme se déroulait à la cour royale pour célébrer des occasions spéciales comme le Nouvel An lunaire ou pour divertir des invités spéciaux tels que les émissaires étrangers. Mais l'aspiration des dirigeants de la dynastie Joseon vers un mode de vie plus austère l’a progressivement poussé vers les villages et les marchés, et il devint finalement un divertissement pour les gens du peuple. Les familles aisées engageaient également des troupes pour fêter les anniversaires, surtout le 60e anniversaire, le Hwangab.
Alors que le funambulisme dans d'autres pays tend à se concentrer sur les techniques de marche sur la corde, les funambules coréens s’intéressent à des chansons et à des comédies et se livrent à des acrobaties, impliquant aussi les spectateurs plus intimement dans la performance.
Fauconnerie
La Corée a une longue tradition d'élevage et de dressage des faucons et autres rapaces pour chasser le gibier, comme le faisan ou le lièvre sauvage. Les preuves archéologiques et historiques témoignent que la fauconnerie sur la péninsule coréenne a commencé il y a plusieurs milliers d'années et a été largement pratiquée au cours de la période Goryeo (918-1392) en particulier. Le sport était plus populaire dans le Nord que dans le Sud, et se pratiquait généralement pendant l’hiver, à partir d'octobre, une fois les agriculteurs libérés des travaux agricoles. Le fauconnier noue une ficelle de cuir autour de la cheville de l’oiseau, puis fixe une étiquette d'identification et une clochette à sa queue. La cloche permet de retrouver plus facilement le faucon qui se pose au sol après avoir attrapé un faisan. Cette tradition coréenne a été inscrite sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité en 2010 avec d’autres semblables conservées dans onze pays à travers le monde, y compris la République tchèque, la France, la Mongolie, l'Espagne et la Syrie.
Arirang
Arirang est une chanson folklorique représentative de la culture coréenne. Il en existe différentes versions selon les régions. À l’heure actuelle, on estime qu’il existe 3 600 variations de 60 différentes versions d’Arirang. Cette chanson a été créée conjointement par le peuple à travers les générations. Du fait que n'importe qui pouvait inventer de nouvelles paroles et mélodies, chaque région dispose d'une version adaptée à ses propres particularités. Les trois versions d’Arirang les plus connues sont « Jeongseon Arirang » de la province du Gangwon, « Jindo Arirang » de la province du Jeolla du Sud, et « Miryang Arirang » de la province du Gyeongsang du Sud. Bien que les mélodies et paroles varient selon les régions, toutes les versions contiennent toujours les paroles ‘arirang’ ou ‘arari’ dans le refrain.
Le contenu du chant varie également. Ces variantes sont chantées dans différentes situations et buts : soulager les difficultés de l'agriculture, échanger de douces paroles entre les couples, souhaiter une bonne récolte, égayer une ambiance lors d'un bon moment, etc. Un point commun à retenir est que ces chants expriment la joie et la tristesse que le peuple coréen ressent au cours de son existence. Ainsi, la chanson change selon la situation du chanteur, ce qui enrichit la diversité de la culture coréenne.
De nos jours, Arirang sert à unir les Coréens lors d'événements d'importance nationale. Les délégations coréennes l'ont chanté lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Sydney en 2000 tandis que les « Diables rouges » (supporters de l'équipe nationale de football de Corée du Sud) l'ont chanté lors de la 17e Coupe du monde Corée-Japon en 2002.
Kimjang : fabriquer et partager le kimchi en Corée
Le kimjang est l’activité de fabrication du kimchi qui s’effectue dans toute la Corée à la fin de l’automne, dans le cadre de préparatifs visant à garantir des aliments frais et sains pour la saison hivernale. De plus en plus reconnu dans le monde entier comme plat coréen représentatif, le kimchi a toujours été l’un des mets principaux indispensables à tout repas quotidien que mangent les Coréens, et ce depuis des temps immémoriaux. C'est pourquoi le kimjang est depuis longtemps un événement annuel d'importance primordiale pour de nombreuses familles et communautés en Corée.
Les préparatifs de la fabrication du kimchi pour la saison d'hiver suivent un cycle annuel. Au printemps, les ménages achètent une sélection de fruits de mer, notamment de crevettes et d’anchois, qu’ils salent et laissent fermenter jusqu’à ce qu’ils soient prêts à être utilisés à la saison du kimjang. En été, ils se procurent ensuite du sel de mer de qualité supérieure, séché au soleil, et préparent la poudre de piments rouges. Puis, à l'approche de l'hiver, les membres des familles et des communautés se rassemblent à une date convenue d'un commun accord pour fabriquer du kimchi en quantité suffisante pour permettre à tous de se nourrir tout au long de l’hiver rigoureux.
Le kimjang est également associé à la culture communautaire coréenne, car de nombreuses personnes se réunissent pour préparer de grandes quantités de kimchi. Bien que la Corée du Sud soit maintenant un pays moderne et industrialisé à tendance individualiste, la tradition séculaire de fabrication du kimchi est toujours maintenue, contribuant à un sentiment d'identité sociale et de solidarité partagé par le peuple coréen d'aujourd'hui. De plus, la tradition est importante dans le sens où elle symbolise la culture de partage de la Corée transmise de génération en génération.
D’ailleurs, cette tradition a été ajoutée au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l'UNESCO le 5 décembre 2013.